ÉVÈNEMENT
Les insoumis·es sans frontières vous accueillent à BerlinPar
les insoumis·es sans frontièresLe Journal de l'insoumission n°1796 mai 2025
Du 6 au 8 juin 2025, la première édition d’Insoumis·es Sans Frontières se tiendra à Berlin
: une université d’été dédiée aux Françaises et Français de l’étranger, aux militant·es et sympathisant·es de gauche. Au programme
: des conférences, débats et formations autour de la nécessité d’une gauche de rupture, l’importance d’une solidarité internationale dans nos luttes convergentes et le combat contre l’extrême droite et ses idées, plus indispensable que jamais.Organisé par différents groupes d’action de la France Insoumise à l’étranger, l’événement Insoumis·es Sans Frontières sera l’occasion de se retrouver pour réfléchir ensemble et se former aux défis politiques et sociétaux actuels via les conférences et ateliers, ainsi que d’échanger sur nos pratiques militantes à l’étranger. Pour celles et ceux qui ne pourront pas faire le déplacement, plusieurs conférences seront retransmises en ligne en direct.
Les temps forts
Ces universités d’été des Insoumis·es de l’étranger s’articulent autour de trois temps forts. Samedi 7 juin, Cass-Andre (streamer), Nadège Abomangoli (députée LFI), Félicien Faury (spécialiste de l´extrême droite francaise) ainsi que Mickaël Idrac (spécialiste des migrations) interviendront lors de la table ronde «
Extrême droite
: la résistible ascension
» en coopération avec l’Institut La Boétie.Parce que l’avenir de la gauche s’écrit à l’international nous accueillerons Max Veuillet du KPÖ parti communiste autrichien, Jonas Sjöstedt du Vänsterpartiet suédois et Rodrigo Arenas (député franco-bolivien LFI) pour une conférence «
Left without borders
: The World in common
».Dimanche 8 juin sera dédié à la gauche de rupture comme seule solution face à un système capitaliste à bout de souffle qui épuise la planète et ses habitant·es. Sandrine Rousseau (députée Les Ecologistes-NFP), Asma Rharmaoui-Claquin (co-référente LFI Europe centrale) et Aurore Koechlin (NPA-NFP) débattront de l´importance d´une gauche radicale en France.Enfin, nous accueillerons des créatrices et créateurs de contenus engagés comme SidUzl pour parler du rôle des réseaux sociaux dans les luttes sociales.
Formations thématiques
Les Insoumis.es sans frontières seront aussi l´occasion de se former à des sujets variés tels que l´anti-impérialisme avec l´ancienne députée insoumise Rachel Kéké, les relations internationales avec Hadrien Clouet et Arnaud Legall (députés LFI-NFP) ou l´accés à l’eau lors de la table ronde avec Gabriel Amard (député LFI-NFP). Emma Fourreau (eurodéputée LFI-NFP) participera à une conférence sur la protection des océans et Marie Eugenia Rodríguez Palop, fondatrice de Podemos, compte également parmi les intervenant·es. Afin de préparer les élections consulaires de 2026, les élu·es insoumis·es au Conseil régional Julie Garnier et Benoit Tirmarche formeront les participant·es à l’argumentaire militant.
Programme culturel
Cet événement aspire également à être un moment convivial et festif, nous profiterons d’une belle programmation culturelle avec des DJ set, quiz queer et ciné-débat spécial Palestine sur le film «
No Other Land
». Berlin, ville multiculturelle et créative, s’est avérée être le lieu idéal pour accueillir cette première édition. La capitale allemande a récolté plus de 70
% des votes pour la candidature LFI-NFP aux dernières élections législatives et compte des centaines de militant·es sur place.À propos de La France Insoumise à l’étrangerLa France Insoumise des Français·es de l’étranger est une composante active du mouvement politique français La France Insoumise, qui milite pour un avenir plus juste, solidaire et écologique. Le réseau des groupes d’action de la France Insoumise est présent dans les onze circonscriptions des Français de l’étranger et travaille activement à organiser des événements politiques auprès des communautés françaises situées hors de France.Alors rendez-vous sur le site insoumissansfrontieres.org pour vous inscrire
!
L'ÉCOLE DU JARDIN PLANÉTAIRE
Le TussilagePar
Fabien Negrello Photos Floriane Karas- Le Journal de l'insoumission n°1796 mai 2025
Salut l’ami, je suis le tussilage. As-tu déjà remarqué mon allure singulière
? Regarde un peu le rayon de soleil miniature que j’incarne et qui s’en vient défier les derniers frimas de l’hiver. Mes fleurs jaunes, qui captent le regard, précèdent l’arrivée de mon feuillage en forme de cœur. Peut-être sont-elles impatientes de se montrer, de symboliser la fin de l’hiver, va savoir
!Lorsque mes feuilles apparaissent enfin, elles arborent un dessous duveteux d’un blanc argenté qui contraste avec le vert mat de leur surface supérieure. La légende raconte que les deux faces ont parfois des conversations secrètes, l’une murmurant la douceur, l’autre absorbant la lumière avec sérieux.Il arrive qu’on me donne le nom de «
Pas d’âne
». Ceci est dû à la forme de mes feuilles. Quand celles-ci se développent elles peuvent rappeler la trace d’un sabot. Je ne suis pas d’accord avec ça, je trouve que c’est oublier un peu vite la délicatesse de mes fleurs. Mais si, rappelez-vous, le rayon de soleil miniature
!Parlons un peu de mon tempérament. Je suis un conquérant discret des terrains délaissés. Je m’installe là où d’autres hésitent, colonisant les bords de chemins, les talus érodés, tranquille mais déterminé. Je suis également altruiste.En effet, en toute discrétion, je prépare le terrain, si j’ose dire, pour la venue d’une végétation plus luxuriante. Voyez en moi, une sorte de symbole du renouveau.Mon histoire avec toi est ancienne. Traditionnellement, les gens me prêtaient des vertus apaisantes pour les voies respiratoires. L’idée d’une fleur solaire apportant le calme aux bronches a quelque chose de poétique, tu ne trouves pas
? Cependant, la science a mis en lumière un état de fait
: la présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques. Ces derniers consommés en trop grande quantité, sont toxiques pour le foie. Ceci rappelle que même les dons de la nature nécessitent une utilisation mesurée et informée.Tu l’auras compris je suis bien plus qu’une simple herbe du printemps. Je suis comme une sorte d’énigme botanique qui défie les conventions temporelles de la floraison et de la feuillaison. Sous mon apparente simplicité se cache une chimie complexe, et mon rôle écologique discret n’en est pas moins essentiel. M’observer, c’est contempler une petite merveille de la nature, un rappel que la beauté et la prudence peuvent coexister dans le monde végétal. Ma présence éphémère au début du cycle annuel invite à la patience et à l’appréciation des premiers signes de renouveau, même s’ils se présentent sous une forme un peu... décalée. Je suis un peu une leçon subtile sur la complexité du vivant, où l’apparence initiale ne révèle qu’une partie de l’histoire.
ÉDITO
NOUVELLE ÈREpar Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n°1796 mai 2025
Les annonces de Trump sur les droits de douane sont un véritable coup de tonnerre dans le capitalisme mondialisé comme il est organisé depuis plusieurs décennies avec la généralisation du libre-échangisme. C’est une remise en cause totale de la soi-disant mondialisation heureuse que nous ont vantée les idéologues néolibéraux à compter de la Seconde Guerre mondiale, tant au niveau mondial qu’en Europe. Outre l’organisation écocide du grand déménagement du monde, ces politiques ont provoqué et provoquent encore la désindustrialisation de nos territoires et l’avènement du moins-disant fiscal, social et écologique. Pour autant, il ne s’agit pas non plus de saluer ce virage trumpiste, puisqu’en réalité, il incarne le nouveau visage du capitalisme. Un capitalisme impérialiste qui nous fait basculer dans un monde toujours plus inégalitaire, dangereux et conflictuel. Car malgré les revirements du président américain, ses menaces sont toujours là.Déjà sur le plan diplomatique, les premières remises en cause du multilatéralisme par les États-Unis dès les années 70, réitérées et encore plus profondes à partir du début du XXIe siècle, avaient mis à mal des institutions comme l’ONU ainsi que ses outils et méthodes de règlement collectif des différends entre États. La méthode Trump, que ce soit en Ukraine, à Gaza, ses velléités sur le Groenland, le Canada ou le canal de Panama, ne sont rien d’autre que l’application d’un impérialisme féroce guidé par la loi du plus fort et l’appât du gain.Au-delà des risques pour la paix dans le monde et de crise financière généralisée, ce nouveau visage du capitalisme annonce des relations internationales faites de représailles et de sanctions réciproques qui généreront toujours plus d’inflation et donc de tensions sociales au regard des inégalités déjà criantes.Que ce soit sur le plan commercial, politique ou diplomatique, la position sage face à ce nouveau désordre mondial doit être celle du non-alignement et de la coopération. Une coopération guidée par le seul intérêt des peuples et des besoins humains.Ni impérialisme, ni néolibéralisme. Ni trumpisme, ni poutinisme, ni macronisme.La France et l’UE doivent être au rendez-vous de ce moment historique. Nous devons rompre avec le libre-échangisme et reconstruire notre souveraineté productive, alimentaire, industrielle et numérique. Nous devons proposer un contre-modèle durable fait de protectionnisme solidaire et écologique et de coopération avec le Sud global dont les pays sont parmi les premières victimes des effets néfastes de la mondialisation avec le pillage de leurs matières premières et les politiques néocoloniales qu’ils subissent.Une réponse à court terme existe également avec la mise en œuvre de mesures d’urgence comme la taxation des GAFAM avec la mise en place de l’impôt universel (taxer le chiffre d’affaire réalisé en France), l’interdiction des importations néfastes pour la santé et le vivant comme certains pesticides, le blocage des rachats d’entreprises participant à notre souveraineté, la préférence pour les producteurs locaux dans les marchés publics, le blocage des prix de l’électricité pour toutes les entreprises…Nous sommes à l’aube d’un grand basculement, sans compter le grand défi du changement climatique qui se présente à toute l’humanité. L’heure de tous les dangers ou des grandes opportunités. Ce sont nos choix qui le diront.«
Les grandes tragédies de l’histoire révèlent les grands hommes, mais ce sont les minables qui provoquent toujours ces tragédies.
» Thomas Sankara
RESISTANCES
A154
Un désastre écologique et financierPar Anthony Brondel- Le Journal de l'insoumission n°1795 avril 2025
Au milieu de la Beauce, dans le «
Grenier de la France
», le projet d’autoroute A154, vieux de plus de 30 ans, prévoit la création de 61 kilomètres de nouvelles sections et l’élargissement de 37 kilomètres de routes nationales existantes, menaçant ainsi plus de 750 hectares.Un projet déconnecté des enjeux actuelsLa N154, cruciale pour les habitants en l’absence d’alternatives ferroviaires, relie les deux villes les plus importantes d’Eure-et-Loir. Sa privatisation en autoroute payante qui comprend la construction de trois viaducs, entraînerait l’artificialisation de 660 hectares de terres agricoles et 90 hectares de forêt. Il s’agit du projet routier qui dévorerait le plus de terres agricoles.Il s’agit d’un projet obsolète et déconnecté des enjeux environnementaux, qui s’oppose aux objectifs que la France s’est fixés en matière d’artificialisation. Alors que la préservation des sols est essentielle pour garantir notre souveraineté alimentaire et protéger les écosystèmes, la destruction de ces terres agricoles et forestières apparaît comme une aberration.Aux antipodes des enjeux de réduction de gaz à effet de serre, la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) chiffre les émissions de CO2 du projet à plus de 350 000 tonnes. Quant au coût financier, il est estimé à 1,080 milliard d’euros.Les agglomérations de Chartres, de Dreux et le département d’Eure-et-Loir achètent depuis plusieurs années des terres agricoles, parfois éloignées du tracé prévu de l’autoroute, pour faciliter les négociations foncières. Cette stratégie soulève des questions sur les véritables intentions des promoteurs du projet.Le coût du péage pour les automobilistes entre Dreux et Chartres, initialement fixé en 2015 à 6
€ a déjà augmenté en 2024 à 7,52
€ pour 37
km, et pourrait continuer à croître.Une opposition massiveUne enquête publique réalisée en 2016 a révélé que 70
% des 2 000 personnes interrogées s’opposent à ce projet.Le collectif La Déroute des Routes, soutenu par plus de 12 800 signataires d’une pétition, n’exclut pas la création d’une zone à défendre (ZAD). En mai 2022, le CESER (Conseil économique social environnemental) du Centre-Val de Loire, saisi par une pétition citoyenne, a adopté une contribution critique du projet
: les études ne seraient pas à jour sur les besoins auxquels l’A154 devrait répondre en 2030, et le projet aurait été décidé sans en évaluer toutes les conséquences. Les opposants dénoncent une avancée sans analyse sérieuse des impacts et des alternatives possibles.Plutôt que de détruire des terres et des forêts pour enrichir les sociétés concessionnaires, les opposants appellent à investir dans un modèle de transport respectueux de l’environnement et véritablement bénéfique pour les citoyens.Il y aurait au total plus de 50 projets routiers et autoroutiers contestés partout en France selon le collectif La Déroute des Routes, pour un coût total des projets estimé à 26 milliards d’euros. Le plus connu l’A69
est toujours en cours. Si L’autorisation du projet a été annulée par le tribunal administratif de Toulouse le 27 février dernier, «
faute de nécessité impérieuse
» le gouvernement a annoncé le 7 mars avoir demandé un sursis à exécution, pour permettre au chantier de reprendre, dans l’attente de la procédure d’appel.Rendez-vous pour la riposte populaire, le 1er mai.
vie locale
À Toulouse, le combat des élu·es insoumis·es pour défendre l’accès à la culturepar Agathe Roby - Le Journal de l'insoumission n°1795 avril 2025
Jean-Luc Moudenc n’est pas un ami de la culture, les Toulousaines et les Toulousains ont pu le constater à de nombreuses reprises avec la fermeture de lieux culturels, tels que Myx’art Myris, terrain d’expérimentation culturelle, la pavillon Mazar, sans parler des salles de concert exclues du centre-ville. La droite n’aime pas la musique sauf quand il s’agit de musique classique. Mais parfois, grâce à la mobilisation et au rôle de lanceurs d’alerte que sont les élu·es d’opposition au maire de droite Jean-Luc Moudenc, des petites zones de résistance se créent. Ce fut le cas l’an dernier lorsque la mairie à cherché à diminuer l’accès aux musées
: 30
% d’augmentation du prix d’entrée, un tarif réduit uniquement pour les personnes bénéficiaires de minimas sociaux (les étudiant·es, les personnes sans emploi ne peuvent pas en bénéficier) et surtout la mairie à supprimé en catimini la gratuité le premier dimanche du mois la moitié de l’année et la gratuité étudiante.Un scandale quand on sait que le pouvoir de vivre est une préoccupation centrale. Comment pouvoir avoir accès à la culture si elle devient hors de prix
? Pendant un an, de conseils en conseils, les élu·es insoumis·es ont alerté, ce sont des familles et des pans entiers de la population qui ne peuvent se permettre de venir que ce jour-là. À force d’insister, la presse s’est saisie du sujet et a provoqué un mécontentement dans l’opinion publique. J-L Moudenc a été obligé de reculer, sans bien sûr dire dans sa grande mauvaise foi que le sujet avait été porté par des insoumis. Une petite victoire certes, mais qui permet aujourd’hui à beaucoup de pouvoir encore entrer dans les musées.Les élu·es insoumis·es veulent aller plus loin en demandant la baisse des prix d’entrée, le retour de la gratuité pour les étudiants et les personnes en recherche d’emploi. La réponse libérale des élu·es en charge de la culture est cynique
; pour des expos de qualité il faut que les clients paient, oubliant que les musées sont un service public d’une collectivité territoriale.Aujourd’hui, la situation est alarmante, J-L Moudenc fait le bon élève en appliquant le budget austéritaire de Bayrou encore plus qu’il ne le devrait
! Et sa principale cible est sans surprise la culture, qui se retrouve avec une baisse potentielle de 40
% de ses subventions, les modalités de régulation seront faites au cas par cas, montrant bien la politique clientéliste du maire. La situation est d’autant plus injuste que d’autres secteurs tels que le sport et l’économie sont eux épargnés
: 78000 euros de budget pour des congrès, 50 000 euros pour un groupement d’entreprises du CAC 40 qui fait une exposition sur … l’avion du futur
! De l’argent il y en a mais la mairie ne souhaite pas soutenir la culture, la solidarité et la santé. Les associations sont en effet souvent menacées voire sanctionnées de perte de subventions quand elles osent critiquer le maire.Aujourd’hui acteurs et actrices de la culture se mobilisent, à Toulouse comme ailleurs, et les élu·es et les militanst·es seront à leurs côtés pour que la culture ne soit pas la grande sacrifiée sur l’autel de l’austérité de Macron et Bayrou.Rendez-vous pour la riposte populaire, le 1er mai.
ÉDITO
GARDER LE CAPpar Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n°1795 avril 2025
«
On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels
», écrivait Anatole France en 1922 pour dénoncer les profiteurs de guerre. Le bilan
humain de la Première Guerre mondiale est désastreux avec 9 millions de morts et 21 millions de blessés. Le bilan financier est juteux pour les grands industriels français ou allemands qui s’enorgueillirent de leur participation à l’effort de guerre nationale. Ces «
héros
» de conseil d’administration n’en oubliaient pas de faire prospérer leur empire industriel, tandis que le peuple était envoyé dans les tranchées comme chair à canon. La réalité est que ces entreprises devenues aujourd’hui multinationales
(Renault, Citroën, Peugeot, les aïeux d’ArcelorMittal ou de Schneider Electric, Bayer qui produira le tristement célèbre gaz moutarde, Dassault, Michelin, BMW, Krupp, Shell…), se sont largement gavées de profits durant cette période. Pour certaines ce fut même une opportunité de sortir des difficultés dans lesquelles elles étaient.L’économie de guerre au service du capitalisme, c’est ce que l’on entend dans les dernières déclarations d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Cette même commission qui jusqu’alors montrait du doigt les États membres dont le déficit budgétaire dépassait les 3
% du PIB, nous annonce désormais qu’il y aurait des milliards disponibles pour l’économie de la guerre. La règle des 3
% pouvant aller jusqu’à 5
%... Des milliards pour les hôpitaux et les écoles, vous n’y pensez pas, des milliards pour les canons, faites votre marché
!Le capitalisme et ses fanatiques n’en ont donc pas fini de nous mener au chaos. Crise après crise, non contents de semer la misère et le désastre écologique, c’est aujourd’hui vers la guerre qu’ils nous mènent. Et comme en 1914, dans ces moments-là, les travailleurs sont sommés d’oublier l’ennemi de classe. Car il s’agit bien de cela.Quand E. Macron déclare, d’un ton guerrier satisfait, que la patrie a besoin de nous mais qu’il n’y aura pas d’impôts nouveaux, c’est une véritable guerre sociale qu’il entend nous mener. E. Macron, l’homme qui a subi 3 défaites électorales, qui piétine nos institutions depuis 7 ans, qui a explosé notre dette publique de plus de 1000 milliards d’euros depuis 2017 à coups de cadeaux fiscaux aux plus riches et grandes firmes, qui met à terre notre économie et nos services publics, qui anéantit la parole de la France à l’international, qui laisse se dérouler un génocide à Gaza, qui favorise la montée de l’extrême droite et ses idées haineuses, cet homme, son gouvernement et ses soutiens, comptent bien continuer à mener leur politique au service des puissants. Et pour leur remplir les poches, s’il faut pour cela envoyer au casse-pipe nos enfants, qu’à cela ne tienne
!Dans ce climat de folie guerrière, quiconque entend mettre un peu de raison et porter un discours de paix, est cloué au pilori. Quiconque porte une alternative politique de rupture, solide, crédible et d’espoir est insulté, diffamé, diabolisé. Leurs méthodes sont bien huilées et leurs relais médiatiques organisés. La sphère Bolloré, les trumpistes médiatiques et politiques à la française, sont en ordre de bataille. Sans oublier celleux qui participent à la cabale pour s’acheter la respectabilité d’un système pourri.«
La chute des grands hommes rend les médiocres et les petits importants. Quand le soleil décline à l’horizon, le moindre caillou fait une grande ombre et se croit quelque chose.1 »Mais, qu’ils s’en souviennent, ils ne nous feront pas chuter. Faire grandir un mouvement d’unité populaire au service des combats sociaux, écologiques, démocratiques, féministes et antiracistes. Ni guerre, ni guerre sociale, l’économie de la paix au service du grand nombre. Tel est notre agenda.Prochain rendez-vous pour la riposte populaire, le 1er mai.
1. Victor Hugo
Le Journal de l'insoumission n°1794 mars 2025IDÉES ET HISTOIRE : Louise Michel, une artiste en RévolutionPar William FoucautLouise Michel
: un combat pour l’écoleLouise Michel naît en Haute-Marne en 1830 d’une union hors mariage, probablement du fils d’un châtelain et d’une servante. Elle est élevée principalement par ses grands-parents paternels qui sont issus d’un milieu aisé et lui permettent d’acquérir une solide culture classique. Son premier engagement est celui pour l’école. Après son brevet d’institutrice, elle refuse de prêter serment envers Napoléon III en 1853. Ce geste ne lui permet pas d’enseigner au sein de l’Éducation nationale. Louise Michel va alors ouvrir des écoles plusieurs fois au cours de sa vie, ou bien enseigner dans des structures déjà existantes. Sa première école publique est mixte filles-garçons, ce qui est une innovation pour l’époque. Elle accueille les enfants de paysans pour 1 franc par mois. Elle va porter à l’école les combats anarchistes pour que les filles puissent accéder à l’éducation. Elle introduit des animaux, un jardin ou encore un petit musée dans sa classe. En 1857, elle part pour Paris. Son engagement pour l’école restera fort, pendant les premiers moments du siège de Paris par les Prussiens en 1870, elle crée une cantine pour ses élèves. Lors de sa déportation en Nouvelle-Calédonie,elle enseigne aux enfants de déportés. Elle participe à une école libertaire à Londres en 1890. Par ailleurs, même dans les périodes où elle n’enseigne pas, elle continuera toute sa vie à donner des conférences.Louise Michel, une militante politique révolutionnaire
: «
femme-projectile
».L’engagement de Louise Michel est total pour la Révolution, elle s’oppose à l’idéal de femme-objet proposé par la société, elle propose celui de «
femme-projectile
» (Claude Rétat), totalement acquise à la Révolution, en première ligne. Dans la capitale, elle rencontre progressivement des responsables du mouvement socialiste et républicain notamment en participant à des cours du soir divers et variés. À la fin de l’Empire, elle intègre les courants révolutionnaires et soutient Auguste Blanqui dans sa stratégie socialiste révolutionnaire insurrectionnelle. À la fin des années 1860, elle aide les ouvrières à s’organiser et écrit dans des journaux d’opposition. Après la défaite du Second Empire contre la Prusse, elle est élue présidente du comité de vigilance des citoyennes du XVIIIe arrondissement de Paris. Dès janvier 1871, elle participe à l’action pour la création de la Commune révolutionnaire de Paris.Elle fait partie de l’assaut sur l’hôtel de ville le 22 janvier réprimé par l’armée. En tant que garde nationale du 61ème bataillon de Montmartre (dit «
bataillon des enfants perdus
») et blanquiste, elle devient ambulancière et anime un club révolutionnaire pendant la Commune. Elle participe aux barricades à Montrouge, Clamart et Neuilly. Louise Michel envisage de tuer elle-même Adolphe Thiers, homme fort du pouvoir contre-révolutionnaire pendant la Commune. Mais dans le même temps, sa mère est arrêtée pour faire pression sur elle. Louise Michel se rend et est enfermée.Pendant son procès, suivant sa ligne, elle déclare, «
je ne veux pas me défendre, je ne veux pas être défendue
; j’appartiens tout entière à la révolution sociale
». En réalité, elle enferme les juges dans un dilemme
: le maintien de l’ordre établi suppose la condamnation à mort de Louise Michel mais la société genrée leur interdit de mettre à mort une femme. Louise Michel le sait et met les juges face à leur contradiction en demandant sa propre mort. Elle est finalement condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie en 1873 et y reste jusqu’en 1880. Mais ce ne sont pas ses seuls engagements. Son engagement féministe est un fil rouge pendant sa vie, luttant pour l’«
égalité des sexes
» (terme de l’époque), qui serait«
une brèche dans la bêtise humaine
» ou contre la prostitution vue comme du bétail humain pour les patrons. En 1886, elle soutient les mineurs aveyronais de Decazeville dans l’affaire Watrin. Le 22 janvier 1888, blessée par Pierre Lucas lors d’une conférence au Havre, avec une balle dans le crâne, elle témoigne pour qu’il n’aille pas en prison. Sur son lit de mort Pierre Lucas déclarera «
que les anarchistes veillent sur ma fille
!
». Elle ne supporte pas l’idée d’être dépeinte en victime. Louise Michel lutte également pour les droits humains, notamment à travers son engagement maçonnique. Enfin, elle est un soutien de la cause animale en les considérant comme des êtres sensibles et victimes d’exploitation comme les humains entre eux dans La Cruauté contre les bêtes (1886).Louise Michel
: une artiste avant tout
?Le grand combat de Louise Michel pour être considérée comme une artiste reste méconnu. Elle écrit
: «
Voyez-vous, au fond j’ai toujours été une artiste, je suis une artiste en révolution
». Elle considère ses Mémoires comme une œuvre et non seulement comme un récit historique. Son éditeur, de son vivant, tente de faire d’elle une figure révolutionnaire et combattante, cette image de «
Vierge rouge
» en proposant des modifications dans ses écrits. Louise Michel s’y oppose, elle voit dans l’écriture une forme d’étude psychologique. Elle désire faire œuvre sur elle-même et être prise comme telle, une artiste. Ainsi, dès les années 1850, elle écrira, en plus de son autobiographie, presque une trentaine d’ouvrages, recueils de poèmes, romans, etc. Elle entretient pendant 20 ans une correspondance avec Victor Hugo, qu’elle admire pour ses écrits. Enfin toute sa vie elle écrit dans la presse, sous le pseudonyme d’Enjolras.Louise Michel décède en 1905 à Marseille d’une pneumonie probablement contractée lors d’une de ses conférences. 10
000 personnes l’attendent à son retour de Nouvelle-Calédonie, 120
000 personnes sont présentes à son enterrement, voilà qui témoigne de sa popularité déjà à l’époque. Aujourd’hui malgré les rues, les établissements et les récupérations politiques, ses combats restent plus que jamais d’actualité
! Nous commémorerons le 18 mars les 154 ans de la Commune, ses combattantes et ses combattants
!
Le Journal de l'insoumission n°1794 mars 2025Entretien avec Paul Vannier,député LFI-NFP du Val-d’Oise. Membre de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation, il a notamment co-rédigé un rapport d’information relatif au financement public de l’enseignement privé sous contrat en avril 2024.Propos recueillis par Séverine Véziès
F. Bayrou est mis en cause dans l’affaire Bétharram. Pourquoi
?
L’affaire Bétharram c’est à date, plus de 130 plaintes d’anciens élèves visant 14 agresseurs supposés (prêtres, surveillants…). Leurs crimes se seraient étalés des années 1950 au début des années 2010 dans cet établissement privé sous contrat catholique situé dans les Pyrénées-Atlantiques. Tout indique aujourd’hui que le Premier ministre, dont les enfants étaient scolarisés dans l’établissement et dont l’épouse y enseignait le catéchisme, était informé, dès le milieu des années 1990, de faits de violences physiques et sexuelles et qu’il n’a rien fait pour les dénoncer, les faire cesser.Il en avait pourtant l’obligation et le pouvoir comme ministre de l’Éducation nationale de 1993 à 1997 et comme président du Conseil général, chargé de la protection de l’enfance, de 1992 à 2001. Pour ajouter à ce scandale, François Bayrou a choisi de mentir à la représentation nationale pour dissimuler son inaction.Lorsque je l’ai interrogé la première fois sur cette affaire lors des questions au gouvernement il m’a répondu
n’avoir «
jamais été informé de quoi que ce soit de violences, ou de violences a fortiori sexuelles
». Or les témoignages d’anciens enseignants, comme Françoise Gullung qui indique l’avoir alerté dès 1995, d’un ancien juge d’instruction, d’un gendarme enquêteur, de victimes et les enquêtes de nombreux journalistes contredisent entièrement sa version des faits.Bayrou savait. Ses mensonges, relayés par une partie du gouvernement, se sont ainsi transformés en mensonges d’État, en scandale d’État. F. Bayrou ne peut rester à Matignon. Il s’est disqualifié et doit démissionner. Sinon il revient au président de la République de le démettre.
Cette affaire est-elle isolée
?
Selon la CIIVISE, au moins 160
000 enfants subissent des violences sexuelles chaque année en France. Soit une victime toutes les trois minutes. L’affaire n’est donc pas un cas isolé et nous devons en donner une lecture systémique, analyser et combattre les mécanismes de l’omerta, une culture de la violence et de la soumission vis-à-vis des enfants.La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église conduite en 2021 par le haut fonctionnaire Jean-Marc Sauvé a indiqué que 30
% des abus sexuels commis par des membres de l’Église l’avaient été dans les établissements scolaires et internats catholiques faisant du milieu scolaire le premier terrain d’action des pédocriminels.
Quelles sont vos préconisations sur le sujet
?
Il faut identifier et corriger le manque et les défaillances du contrôle par les services de l’État des violences dans les établissements scolaires, en particulier dans les établissements privés sous contrat. Il en existe 7500. Ils scolarisent deux millions d’élèves. Sous contrat d’association avec l’État, les établissements privés sous contrat peuvent être l’objet de contrôles pédagogiques, administratifs et financiers.Mais alors que les établissements publics sont en moyenne inspectés tous les 5 ans, à Bétharram, par exemple, aucune inspection administrative n’a été conduite ces 30 dernières années en dépit du dépôt de nombreuses plaintes pour violences physiques et sexuelles sur des élèves depuis le milieu des années 1990. La cour des comptes indiquait
en 2023
: «
Le contrôle financier des établissements privés sous contrat […] n’est pas mis en œuvre
; le contrôle pédagogique […] est exercé de manière minimaliste
; le contrôle administratif n’est mobilisé que ponctuellement lorsqu’un problème est signalé
».Quand les contrôles ont lieu, limités au temps scolaire, des pans entiers de la vie des élèves échappent au regard de l’extérieur, en particulier la vie des internats, particulièrement nombreux dans les établissements privés sous contrat qui en dénombrent environ 600 et où le taux d’internes est deux fois supérieur à celui relevé dans le public.
Le RN est resté bien silencieux dans cette affaire…
Le RN est le parti de l’omerta sur les violences pédocriminelles. Depuis les premières révélations sur cette affaire ils ne sont jamais intervenus pour interroger le Premier ministre. Ils ont tenté de s’opposer à la création de la commission d’enquête parlementaire que j’ai proposée. Cela s’inscrit dans le contexte du virage à 180 degrés pris par le Rassemblement national à l’Assemblée nationale. Il agit désormais en soutien systématique du gouvernement. Rien que pour ce début d’année 2025, il a refusé de voter 6 motions de censure. Il a passé un deal avec Macron pour permettre la nomination de Richard Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel. Son silence sur Bétharram s’inscrit dans cette séquence. Les petits calculs politiciens de l’extrême droite l’emportent sur l’intérêt des victimes et les enjeux de la protection de l’enfance.
Une commission d’enquête parlementaire sur le contrôle de l’État sur les établissements privés va se constituer, qu’en attendez-vous
?
C’est tout d’abord une immense victoire pour les victimes. J’ai proposé cette commission d’enquête afin d’identifier et de corriger de possibles défaillances dans le contrôle par les services de l’État des violences dans les établissements scolaires, d’agir pour protéger nos enfants. Pour empêcher d’autres Bétharram.Cette commission d’enquête aurait notamment pour but de faire toute la lumière sur les conditions du contrôle des établissements privés sous contrat par l’État, sans bien sûr se substituer ou empiéter sur une procédure judiciaire en cours. Et sans se limiter au cas Bétharram. Cette commission d’enquête pourrait aboutir à la rédaction de propositions de loi. Nous le devons aux victimes. Leur courage, leur force nous oblige.
ÉDITO
Le poison de l’extrême centrepar Séverine Véziès - Le Journal de l'insoumission n°1794 mars 2025
«
Le macronisme n’est pas une révolution
: c’est une vieille histoire.1» C’est par ces termes que Pierre Serna, historien de la Révolution française, nous appelle à analyser sur le temps long cette pratique du pouvoir qu’incarne le macronisme aujourd’hui mais qui n’est pas nouvelle et que l’auteur qualifie «
d’extrême centre
». Nous avions déjà réalisé dans le cadre de ce journal son interview lors de la sortie de son ouvrage en 2019, L’extrême centre, le poison français, mais son analyse est plus que jamais d’actualité.Dans son ouvrage, il dépeint à travers chaque crise depuis 1789, la persistance d’un centre politique qui sous couvert de rationalité, de raison, de tempérance, de modération, de responsabilité, se déclarant ni de droite, ni de gauche, mène en réalité des offensives violentes à l’encontre de nos institutions et de ses opposant·es, dans le but de maintenir des politiques visant à défendre les intérêts d’une oligarchie et les préceptes du marché tout-puissant. Seul son discours est légitime et tout ce qui s’y oppose est renvoyé au vocable «
des extrêmes
» et est méprisé. Cette intolérance, on la retrouve dans son exercice du pouvoir
: criminalisation des opposant·es, violences policières, texte constitutionnel dévoyé, Parlement méprisé, état d’exception permanent, violence sociale, fiscalité au service du capital, instauration d’un pouvoir exécutif fort, l’extrême centre fait basculer nos institutions vers une République autoritaire.Cet extrême centre aujourd’hui est allié à l’extrême droite. Après l’avoir instrumentalisée pour gagner les seconds tours de présidentielles, il en emprunte le vocable et le programme espérant attirer à lui son électorat. Dans son refus de voir ses politiques remises en cause, face à la défiance dans les urnes et dans la rue, il scelle les pires alliances, croyant peut-être pouvoir maîtriser la bête.Là encore, l’histoire doit nous alerter. Et c’est Johann Chapoutot qui dans son dernier ouvrage Les Irresponsables
: qui a porter Hitler au pouvoir nous le rappelle. Il revient sur la période qui a mené au 30 janvier 1933 et la nomination d’Hitler en tant que chancelier par le président Hindenburg. Il décrit le contournement de la Constitution de Weimar par cet extrême centre dès 1930, avide de vouloir conserver le pouvoir à tout prix, menant des politiques austéritaires d’une violence inouïe, enclin à la démocratie tant qu’ils sont aux affaires, la bafouant quand elle les conteste. Un extrême centre ayant bénéficié de la complaisance de la sociale démocratie et du soutien des milieux affairistes.Quand on observe notre situation contemporaine, on ne peut que voir des analogies avec cette période sombre de notre histoire européenne. Loin des raccourcis qui affirment que c’est le peuple qui aurait mené les nazis au pouvoir, il est bon de rappeler que c’est cet extrême centre, buté, violent, méprisant, refusant de perdre la main et de remettre en cause ses politiques mortifères pour le peuple, qui porta au pouvoir l’extrême droite nazie avant de se faire emporter par elle. À force d’inviter son chien à la table, il la renverse.Mais l’histoire n’est jamais écrite d’avance. Elle est le fruit de choix faits par des individus. Il n’y a rien d’inexorable ou qui ne peut être combattu jusqu’à la dernière minute. Ça aussi, l’histoire nous l’apprend. Et notre histoire récente aussi. Face à l’extrême droite, seule une gauche qui tient bon, qui porte une réelle alternative aux extrêmes centre et droite, est à même de porter l’espoir. Le Nouveau Front Populaire l’a prouvé en juillet dernier. Tandis que les dernières élections allemandes ou la situation italienne ont démontré qu’une gauche qui se couche est une gauche qui s’effondre.À bon entendeur.1. Faisant référence au livre d’E. Macron sorti en 2016
VIE LOCALE : À Villeurbanne le SMIC municipal est désormais à 1632
€ nets
! Le Journal de l'insoumission n°1793 février 2025 Par Olivier Glück, adjoint au maire de Villeurbanne délégué aux ressources humaines, au dialogue social et au quartier Gratte-Ciel/Dedieu/Charmettes
À Villeurbanne, 16e ville de France par sa population, les employé·es de la commune représentent 2
500 agent·es au service d’une population de 163
000 habitant·es. Ces personnels rendent les services publics essentiels du quotidien dans les écoles, les crèches, les gymnases, les piscines, mais aussi les équipements culturels comme les bibliothèques, ou l’école de musique. Nos agent·es sont par ailleurs dans les EHPAD et les résidences autonomie pour les seniors, à la cuisine centrale publique, qui prépare près de 15
000 repas chaque jour, au centre communal d’action sociale qui accueille les plus précaires, dans les maisons de service public et de quartier, au service d’état civil. Les jardiniers entretiennent une centaine d’hectares d’espaces verts dans nos parcs et jardins publics. Les policiers municipaux, les médiateurs, les agent·es de surveillance de la voie publique, sont au contact direct des habitant·es, et nos techniciens des ateliers municipaux entretiennent le patrimoine municipal. Sans oublier, bien sûr, tous les services ressources (RH, finances, achats, commandes publiques, informatique…) sans qui rien ne fonctionnerait. Nous devons mettre des noms et des visages sur ces personnels dévoués, parfois invisibles, qui exercent des métiers très variés, souvent usants et/ou pénibles et insuffisamment rémunérés.Dans nos communes, comment agir concrètement pour répondre à l’augmentation du coût de la vie et augmenter les salaires
? Si la valeur du point d’indice et les grilles salariales sont fixées nationalement, les communes sont libres de fixer la part du «
régime indemnitaire
». Cette part variable, soumise à cotisations sociales, compte pour la retraite et doit être votée par le conseil municipal. Elle représente généralement 10 à 20
% du salaire.Nous venons de l’augmenter significativement, avec une attention particulière pour les bas salaires et les métiers où les femmes sont sur-représentées. Pour les personnels de catégorie C qui ont le traitement de base le plus faible, nous avons mis en place un «
salaire socle
» minimum de 1
632
€ nets par mois. Cela fait écho à la proposition du Nouveau Front Populaire d’un SMIC à 1
600
€ nets. Cette mesure concerne près de 60
% des personnels, puisque cette augmentation se répercute mécaniquement sur les personnels qui ont plus d’ancienneté et sur les salaires plus élevés de la catégorie B. Ce choix politique fort permet d’agir sur le pouvoir d’achat des agent·es municipaux, de reconnaître leur investissement au service de l’intérêt général et d’améliorer l’attractivité de la fonction publique. Enfin, il réduit les écarts de salaire entre les femmes et les hommes car les métiers fortement féminisés ont bénéficié d’une augmentation plus importante.Rappelons que depuis près de 30 ans, la valeur du point d’indice qui sert au calcul du salaire de base des fonctionnaires stagne
: elle est de 58
€, alors qu’elle serait supérieure à 75
€ si elle avait suivi l’inflation, soit une perte de pouvoir d’achat supérieure à 20
%
!Les communes peuvent également agir sur les carrières en augmentant les ratios d’avancement de grade, la participation de la ville à la complémentaire santé et à la prévoyance, ou encore en développant l’action sociale.Soyons fiers de nos services publics! Ils sont un pilier fondamental de notre République.