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17.01.24 - Pour son édition 2023/2024 du programme « Artiste en résidence » (AiR) du Collège des Humanités intitulé « Enter the Hyper Scientific », l’EPFL a le plaisir d’accueillir trois artistes durant trois mois afin de leur permettre de visiter les laboratoires du campus et d’échanger avec les scientifiques dans le but de créer une œuvre conjuguant questions artistiques et scientifiques. Ces œuvres seront exposées dans le Pavillon A au début de l’année 2024. Les trois artistes – Rosa Menkman, Sarah Oppenheimer et Gary Zhexi Zhang – ont eu l’occasion de s’immerger au sein de différents laboratoires et d’engager d’intenses discussions avec les chercheurs et les chercheuses de l’école. Bien que chacun-e soit venu-e à l’EPFL avec un projet initial, celui-ci a immanquablement évolué grâce aux différentes collaborations sur place. Par ailleurs, en plus d’inspirer la création d’une œuvre d’art, ces interactions ont offert aux scientifiques de l’EPFL une opportunité unique de questionner et discuter leurs recherches à travers le point de vue et la pensée des artistes. Le résultat de ces échanges sera exposé début 2024 dans le Pavillon A de l’EPFL via différents dispositifs dont la vidéo, un assemblage de médias ou encore des installations architecturales, commençant par l’exposition de Sarah Oppenheime le 18 Janvier. « La présence d’un-e artiste nous aide à envisager notre travail différemment » Sarah Oppenheimer est une « manipulatrice d’architecture » états-unienne qui crée des installations interactives et mobiles actionnées par des dispositifs mécaniques cachés. Durant sa résidence, elle a travaillé avec le Pr. Dario Floreano du Laboratory of Intelligent Systems (LIS) où elle a établi son studio. « Cela a été profondément stimulant tant du point de vue créatif qu’intellectuel » raconte Oppenheimer. « Mon immersion dans ce laboratoire, les nombreuses rencontres, conversations et collaborations ont toutes contribué à me nourrir. C’est un incroyable terrain de jeu potentiel ! ». Oppenheimer estime que son séjour au laboratoire l’a aidée à développer et à modifier le système architectural qu’elle exposera en janvier 2024. A son arrivée, son intention était de développer un réseau tactile et pneumatique. Son séjour lui a permis de découvrir de nouveaux matériaux et a modifié sa perception des robots, passant de l’idée d’outils de fabrication imposants à des systèmes beaucoup plus légers, mobiles et collaboratifs. « Mon travail étudie la manipulation humaine des environnements construits » explique-t-elle. « Les recherches du LIS dans le biomimétisme et les réseaux intégrés ont changé ma compréhension des interactions humain/espace et humain/humain. » Floreano a également trouvé la présence d’Oppenheimer au sein du laboratoire particulièrement importante dans la mesure où elle a intégré les étudiants à son projet, régulièrement participé aux réunions hebdomadaires du laboratoire, fourni de précieuses suggestions et posé des questions inattendues. « Je pense que la science est semblable à l’art en ce sens que les découvertes importantes nécessitent parfois de la créativité pour trouver des solutions nouvelles, relier des domaines apparemment différents et remettre en question les méthodes et les connaissances établies », indique-t-il. « Les procédés mentaux, sociaux et culturels qui mènent aux découvertes créatives sont régulièrement incompris et délibérément ignorés dans les rapports scientifiques, mais il est important de les cultiver et la collaboration avec une artiste en résidence peut être un moyen efficace d’y parvenir. Avoir Sarah au sein de notre laboratoire nous aide à percevoir notre travail différemment. » L’exposition « N-03X67 » de Sarah Oppenheimer se tiendra au Pavillon A de l’EPFL du 18 janvier au 18 février 2024. Le vernissage aura lieu le 18 janvier à 18 heures. « Avancer dans un futur où la spéculation et la pollution dégradent la réalité » L’artiste néerlandaise Rosa Menkman a été invitée à l’EPFL sur la base d’une proposition intitulée « Im/possible rainbows and unnamed colours ». Elle s’est rapprochée des scientifiques de CLIMACT (Center for Climate Impact and Action) et a collaboré avec le Dr. Edward Andò du Center for Imaging. Une collaboration qui marque d’ailleurs la deuxième participation consécutive d’Andò et du Center for Imaging au programme AiR, illustrant la valeur attribuée à la collaboration entre artistes et scientifiques. © Rosa Menkman « Considérant l’art comme un moyen de comprendre le monde de plus en plus technologique qui nous entoure, j’espère que nous pourrons soit inspirer des sujets qui méritent d’être discutés et mis en lumière, soit fournir des outils matériels ou logiciels pour aider à concrétiser une vision artistique existante », explique Andò. Menkman et Andò ont exploré les défis auxquels l’intelligence artificielle générative est confrontée lorsqu’il s’agit de faire la distinction entre les représentations symboliques - telles que les émojis arc-en-ciel - et les représentations réelles et naturelles des arcs-en-ciel. Cette difficulté conduit à une représentation « polluée » par l’IA, où la véritable essence des arcs-en-ciel n’est pas correctement capturée ou distinguée de leurs équivalents symboliques. Avec CLIMACT, Menkman a eu l’occasion d’échanger avec des scientifiques à propos de la manière dont le changement climatique et la pollution pourraient influencer à terme les futurs arcs-en-ciel : « Ce qui m’a stupéfaite, c’est le fait que des niveaux élevés de pollution puissent modifier la capacité de l’atmosphère à créer des arcs-en-ciel » rapporte l’artiste. « Un changement qui peut mener à une transformation des couleurs observables dans ces derniers et in fine nous conduire vers une nouvelle compréhension de la manière dont ils peuvent être représentés. » L’exposition présentera une installation vidéo inspirée des dialogues pratiques et spéculatifs de Menkman au Center for Imaging et à CLIMACT et posera la question suivante : et si l’IA ne parvenait pas à faire la distinction entre le symbolique et le réel, alors même que les phénomènes naturels perdent le marqueurs visuels distincts qui permettent de les reconnaître ? « J’entrevois un futur dans lequel la double dégradation et distorsion de la représentation d’un arc-en-ciel est devenue réalité. Dans ce futur, un-e archéologue des médias est obligé-e de passer au crible de nombreuses images et perspectives afin de reconstituer l’essence de ce qu’était autrefois un arc-en-ciel afin de comprendre comment son image a changé. » La proposition de Rosa Menkman intitulée « A Map of Lost and Unnamed Colours » sera exposée du 22 février au 17 mars 2024 dans le Pavillon A de l’EPFL. Le vernissage aura lieu le 22 février à 18 heures. Jouer avec une version non-intuitive de la réalité. Gary Zhexi Zhang est un artiste et écrivain sino-britannique dont le travail interroge l’histoire des catégories conceptuelles qui composent notre réalité et les temporalités de spéculation où ces catégories commencent à échouer et où les paradigmes changent. © Gary Zhexi Zhang Il est venu à l’EPFL avec l’idée d’explorer la manière dont les structures du temps peuvent être pensées et représentées et comment la narration joue avec cette version non-intuitive de la réalité. Il a nommé son projet : « The Inadequacy of Grammar » en référence au physicien Carlo Rovelli. « Le projet s’est un peu élargi au gré des rencontres avec les scientifiques de l’EPFL et de l’approfondissement de ma connaissance de l’histoire de la perception » explique Zhang. « Je m’intéresse de plus en plus non seulement à notre perception de la réalité, mais aussi à la façon dont nous modélisons le monde entre une réalité physique matérielle, notre corps comme appareil sensoriel, et un monde de représentations mentales, ainsi qu’à la façon dont ce feedback loop fonctionne. » A cette fin, Zhang a exploré différentes formes de perception du temps, regardant notamment du côté de la chronobiologie et des temporalités multiples. Il a pour cela principalement travaillé avec le Pr. Michael Herzog du laboratoire de Psychophysique qui étudie la manière dont les humains expérimentent la réalité externe. Pour Zhang, ses conversations avec Herzog ont montré à quel point l’expérience humaine est construite ou intégrée dans le cerveau. Pour Herzog, l’expérience a été « très plaisante et source d’inspiration mutuelle ». L’installation de Zhang se composera d’un dispositif vidéo illustrant comment un récit cinématique peut être modulé et déconstruit. L’exposition de l’artiste intitulée « The Inadequacy of Grammar » se tiendra du 22 février au 17 mars au Pavillon A de l’EPFL. Le vernissage aura lieu le 22 février à 18 heures. Stephanie Parker
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